Léo, quadragénaire écrasé par le poids des responsabilités et déçu par la banalité de sa vie de père de famille, redevient un bambin de deux ans par la force de sa volonté. Son entourage ne voit pas cette situation d’un bon œil. Il s’engagera alors dans une quête effrénée de câlins, chose qui s’avérera moins simple à obtenir que prévu.
Feiffer montre avec tant de compassion la sottise de ses personnages, dont il met en scène à part égale la veulerie et le « bon fond », qu’il est difficile de dire si Tantrum est davantage une satire de la crise de la quarantaine masculine ou un plaidoyer pour un regard plus humain sur celle-ci. Car il est vrai que ce sujet est, la plupart du temps, hâtivement jugé et ridiculisé. Feiffer, lui, le traite avec un esprit aussi cinglant qu’empreint de douce folie et de tendresse, en soulignant au passage, avec une douloureuse lucidité, les absurdités des conventions familiales et sociales de notre monde moderne.
Avec son dessin explosif et sensuel, sa narration poussée par un sens d’urgence qui frôle la panique, et la profondeur de son propos, Tantrum est un livre aussi réfléchi qu’énergique, comme s’il avait passé une très longue période d’incubation dans l’esprit de son auteur avant d’être lancé comme une flèche au beau milieu de la cible.