Minerve, déesse de la guerre et des arts, est désabusée. Lasse des redondantes victoires qu’on lui annonce depuis tous les fronts. De son côté, Rainer tente de percer les derniers mystères d’un livre sulfureux qu’il étudie depuis toujours : Pièges tendus à l’esprit.
Minerve est un livre frondeur, tant par sa structure que par son aspect graphique. Une bande dessinée improvisée, réalisée entièrement au crayon de plomb dans un délai de deux semaines. Turgeon s’accorde une grande liberté, toujours à l’écoute de son inspiration et de son instinct, ce qui permet à son écriture raffinée de s’épanouir à sa guise, mais il sait contrôler son projet avant de tomber dans la facilité de l’absurde. Il crée un récit à tiroirs, doté d’une logique interne assez peu linéaire, quoique plutôt circulaire, et parfaitement tordue. Les histoires dans les histoires se multiplient et se bavent allègrement les unes sur les autres. Parmi celles-ci, une réactualisation de la Croisade des Enfants contre les Sarrasins, mettant en vedette plusieurs dizaines de figurants. Un livre qui horripilera assurément les amateurs de platitude, de dessin figé de premier de classe et d’histoires mille fois re-re-re-racontées.